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Noon (a song album)

by Nora Neko

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1.
Trio 04:19
Trois humains. Six mains. Trois bouches. Six tétons. Trois langues. Six hémisphères, Trois moitiés d’appareil reproducteur. Six oreilles. Trois peaux. Six aisselles. Six lèvres… …dix lèvres. Trois odeurs puis trois mille. Trois nombrils. Trois anus, Six annulaires, Six lobes. Trois sternums. Soixante-douze côtes. Six cent dix-huit os en tout, …et quelques dents… …et quelques dizaines de milliers de poils.
2.
Rappelle pas tes parents Ils vont pas être contents Prenons plutôt des douches Et puis lavons ta bouche Peut—être on va d’abord vomir À force de trembler À force de tanguer Ça va juste être pire Ou alors, reviens t’allonger Viens m’embrasser Laissons pisser Le temps Les gens Le jour finissant Essaie de pas tomber Tiens-toi à moi et aux murs Marche pas sur les bouteilles cassées Attention à la peinture Non là c’est ton placard Tu marches dans la litière du chat Ta salle de bain c’est tout droit Retiens-toi encore un pas… Ou alors, reviens t’allonger Serre-moi Laissons pisser Le temps chiant Les gens chiants Le jour gémissant Ah t’as raté la porte Pardon je t’ai pas trop aidé Aurais-tu voulu que je te porte ? Et voilà j'ai glissé Encore et toujours cuits Mémoires embrumées Toutes les nuits : effacées Encore, et sans regret Viens t’allonger Viens m’embrasser Laissons pisser Le temps Les gens Ton appartement Le voisin et le chat Qui crient, on sait même pas pourquoi Sers-toi Serre-moi ! Demain s’oublie exactement comme ça.
3.
Cimetière 03:48
Il est pas vraiment nécrophile, Elle était pas pédophile, Mais ils ont su passer outre Par amour. Il était venu s'ouvrir les veines Dans le cimetière Saint-Pierre. Il trouvait ça plutôt pratique Et romantique Il était tombé sur sa tombe Quelques semaines plus tôt, Sous la pluie Qui va toujours bien dans les cimetières. Et quand montait le pétrichor Dans ses narines, La mémoire de tous ces morts Lui apparaissait, cristalline. Il squattait là... les mauvais jours, Séchant les cours, Toujours consolé par cette armée De cœurs décédés Mais là il faisait beau Même chaud. Dans les allées, aucun vivant... Et lui, plus pour très longtemps. Sur la stèle, y'avait son nom, Un nom du 20e siècle Qui lui rappelait sa mère Qui pourtant s'appelait autrement. Ôtant ses vêtements, Il scrutait les fourmis, S'imaginant leur messie, Leur dieu géant. Sur la sépulture, La mousse avait vaincu Et son cœur était fendu Laissant filtrer un jour. Cet infime rayon de lumière Caressant sa peau nue Et passant du ciel à la terre L'invitait à descendre de plus en plus. Il s'allongea sur la pierre Chauffée par le soleil Et sentit de cette barrière La finesse substantielle. Il l'écarta : plus légère Qu'il aurait cru. Assez vite elle se brisa, Ouvrant la porte vers l'inconnu. Le cercueil d'acajou avait vieilli, Le vernis était parti. Le couvercle bascula aussi. Il se glissa dans l'intérieur Aux parois moltonnées, Fixant le crâne D'un œil dépourvu de peur. A son contact, Le corps tressaillit. Elle s'était pas fait brancher depuis des années, Des décennies... Plus ou moins habillée Dans un genre super décharné. Sous une brume de moisissure Il devinait sa chevelure. Il caressa le squelette, Dépiautant les lambeaux De tissu et de chair En dentelles éphémères Les odeurs, c'était un mélange D'hôpital, de savon, De cave, de bonbon, De luxe et de fange. La main fraiche de l'ado Remuant, explorant les os, Provoqua subitement Une mise en mouvement. Ils s'enlacent, Ils s'embrassent, Et sa température corporelle s'élève pour deux. Il sue comme neige au soleil. A quatorze ans Il a déjà Des marques aux poignets. Mais pour cette main parcheminée C'est pur ! Pur comme un bébé ! Les odeurs acres de la terre S'en mêlent Et cette arrière-grand-mère Répond à l'appel : D'un baiser sans lèvres, Elle le pince de ses dents, Dont certaines s'enlèvent Quasi-instantanément Elle plante sa main Aux os pointus et creux dans ses artères, Juste près du cou, Pile dans la jugulaire. Démettant ses doigts Puis s'en servant de paille Pour déguster de lui Le sang, l'énergie vitale... Sa langue à lui était perdue Dans l'abysse infini Des orbites déchus Qui jadis reflétaient sa vie. Pris comme ça, dans ce tas D'ossements qui se délite, Il éjacula Finalement assez vite. En épitaphe, quelqu'un, Un fils, un mari crétin Avait trouvé super heureux D'écrire "À la vie" en lettres bleues.
4.
Cancer C’est pas ton signe c’est ta mort. Moi qui voulais tant T’emmener à la mer. Cancer C’était rapide mais t’as souffert. T’as toujours craché sur les trucs trop faciles… Cancer Un mot si doux et gracile Mais je préférais ton prénom. Cancer Promis, je te suis de pas très loin si ça prend pas dix ans ou vingt j'espère... Cancer La vie est une illusion, Un spectacle, une longue maladie… Dit-on.
5.
Gloomy 02:10
6.
Hito-no inochi-wa hito moyase. (Burn a human life like a fire) Mushi-no inochi-wa hi-ni suteyo. (Throw an insect’s life into a fire) Omoi-omoe-ba Yaminoyoya. (Think it over. How dark this world is!) Ukiyo-wa yume-yo. Tada-kurue. (The floating World is no less than a dream. Just go crazy.)
7.
Nous sommes le même corps Artisans de la prospérité éternelle Plus qu'une entreprise, une civilisation Mon cœur, mon corps... ma corporation La persévérance révèle le mérite La compétition assure la fraternité Si tu n'es qu'un clou, sois le meilleur clou Contrôler sa cadence c'est contrôler sa vie Le rendement est toujours la première vertu. La fonction est le plaisir ultime Efficience collective = satisfaction personnelle Vive nous !

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Whispered songoid recordings from a noisy space

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released January 25, 2020

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Nora Neko Marseille, France

Accidental, occasional sound recordings

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